Rencontre de nuit au bord de la mer....
Samedi deux Août c'est la St Amour et moi je me promène de nuit au bord de la mer : cela fait cinq ans que je n'ai pas mis les pieds, la tête dans ce cadre...respirer l'air de la mer, écouter le bruit des vagues la nuit, regarder les bateaux: appel à un ailleurs, où je n'irai pas ce soir, suivre les touristes qui ne savent pas leur chance, me dire que ma forêt et ma montagne sont loins...tout cela provoqua chez moi un état de rêve.
Dans le sombre de la nuit, assis à une table avec quelques bouquins j'aperçois Richard Bohringer : je passe mon chemin, il était seul "avec son portable".
Je le revois dans ses films et à la télé...il est différent et proche de moi: une voix grave qui sait gueuler quand il le faut...moi j'ai bien du mal ; un talent d'acteur, une vie de comédien...moi j'ai déjà du mal à assurer mon propre rôle dans ma vie ! et puis il y a l'amour commun du métissage,l'attirance par la culture, la haine des injustices,la passion pour sa et ma fille,le coeur à gauche quoi qu'il en coûte...
J'hésite, je fais demi-tour, il est toujours là seul au téléphone, derrière ses deux trois livres. Seuls quelques passants l'ont remarqué sans oser l'aborder...des fois que? Il raccroche, quelque chose me pousse vers lui, naturellement, il me regarde...visiblement je n'ai pas l'air du mec à vouloir lui acheter son bouquin, je le feuillette...bêtement une phrase me sort:
-"Comment l'acteur, le comédien devient écrivain ?"
-" Bein c'est simple c'est un retour vers mes origines".
La question ne l'a visiblement pas emballé. Je repasse à l'attaque:
-"Etre acteur, écrivain, chanteur...sont des métiers différents, peut-on passer de l'un à l'autre avec aisance ?"
-" Bein tu vois la culture c'est comme de la terre que l'on sculpte: un jour j'en prends un morceau, et c'est un livre, un autre jour ce sera un film...pour d'autres ce sera autre chose...
Je crois beaucoup comme en Afrique à la transmission orale, mais pour que celle-ci continue, il faut un support: celui-ci poura revêtir différentes formes...c'est ce que j'ai essayé de traduire dans mon dernier bouquin.
Nous arrivons à la fin de la discussion: le visage de Richard Borhringer s'est détendu, quant au mien je n'avais pas de miroir, et la nuit de toute façon ne devait pas spécialement l'éclairer.
Une dernière phrase me sort:
- "J'ai été heureux de vous rencontrer, d'échanger avec vous et je vous souhaite une bonne continuation".
- "Toi aussi, bonne chance."
Il me salut rayonnant :sans doute amusé de ce passant qui n'était pas là pour acheter mais pour parler en toute liberté.
Je m'enfonce dans la nuit: c'est beau une ville la nuit...c'est son livre qui parle de l'homme Bohringer: ce soir là pour moi c'est beau une vie la nuit.
Jean-Marc.
http://www.dailymotion.com/video/x5jr0o_richard-bohringer-interview-tv_news