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Coup de coeur...

Carthagène, Colombie. Léo, ancien champion de boxe, s'autodétruit dans l'alcool. Son ami Jaïro l'envoie travailler au service de Muriel, jeune femme tétraplégique. Peu à peu, une histoire d'amour passionnée se noue entre eux.

Parabole sur la résurrection de deux handicapés incarnant la tête et les jambes, contre sentimental s'achevant sur une plage et un poème de Francis Ponge, le premier film réalisé par Alain Monne est la mise en images classiques, plutôt digne, d'une histoire dont il a contourné pas mal d'écueils.

Francis Ponge : de l'eau :
Images et poème magnifique de fin de film.

DE L'EAU


"Plus bas que moi, toujours plus bas que moi se trouve l'eau. C'est toujours les yeux baissés que je la regarde. Comme le sol, comme une partie du sol, comme une modification du sol.

Elle est blanche et brillante, informe et fraîche, passive et obstinée dans son seul vice : la pesanteur; disposant de moyens exceptionnels pour satisfaire ce vice : contournant, transperçant, érodant, filtrant.

À l'intérieur d'elle-même ce vice aussi joue : elle s'effondre sans cesse, renonce à chaque instant à toute forme, ne tend qu'à s'humilier, se couche à plat ventre sur le sol, quasi cadavre, comme les moines de certains ordres. Toujours plus bas : telle semble être sa devise : le contraire d'excelsior.


Inquiétude de l'eau : sensible au moindre changement de la déclivité. Sautant les escaliers les deux pieds à la fois. Joueuse, puérile d'obéissance, revenant tout de suite lorsqu'on la rappelle en changeant la pente de ce côté-ci.


L'eau m'échappe... me file entre les doigts. Et encore ! Ce n'est même pas si net (qu'un lézard ou une grenouille) : il m'en reste aux mains des traces, des taches, relativement longues à sécher ou qu'il faut essuyer. Elle m'échappe et cependant me manque, sans que j'y puisse grand chose.

Idéologiquement c'est la même chose : elle m'échappe, échappe à toute définition, mais laisse dans mon esprit et sur ce papier des traces, des taches informes.



Inquiétude de l'eau : sensible au moindre changement de la déclivité. Sautant les escaliers les deux pieds à la fois. Joueuse, puérile d'obéissance, revenant tout de suite lorsqu'on la rappelle en changeant la pente de ce côté-ci."




11/01/2010
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